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28/04/2014

Et maintenant l'affaire Alstom ! nouvelle avancée libérale avec vente à la découpe d'une industrie française : "l'adversaire c'est l'Etat", disent-ils...

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La presse : ''Patrick Kron (PDG d'Alstom) voulait prendre de vitesse le gouvernement et boucler l'opération le plus vite possible''... 

 


 

 

Contrairement à ce que disent les commentateurs dociles, Alstom n'est pas réellement en détresse : 5 milliards d'euros de fonds propres, 3 milliards de trésorerie, un chiffre d'affaires supérieur à 20 milliards d'euros, un carnet de commandes de plus de 50 milliards... Néanmoins Kron a décidé de liquider la politique fondamentale de ce groupe (''l'un des derniers fleurons de l'industrie française'' selon l'expression consacrée), et de le livrer à General Electric pour céder à la pression du gigantisme fusionnel global. D'où la clandestinité des négociations de Kron avec Jeffrey Himmelt : il voulait prendre de vitesse le gouvernement français, afin d'empêcher même sa gesticulation habituelle.

Gesticulation inoffensive, puisque le politique s'est désarmé depuis plus de vingt ans ? Oui, mais c'est encore trop aux yeux des managers transatlantiques : l'hyper-classe, cf l'entretien de Saskia Sassen (ce blog, 26/04).

Ces gens appartiennent tous au réseau TPN (Transatlantic Policy Network) créé en 1992, où l'on retrouve General Electric, Allianz, BASF, Boeing, Caterpillar, Coca-Cola, Daimler, la Deutsche Bank, Facebook, General Electric, IBM, LVMH, Michelin, Microsoft, Nestlé, Pfizer, Siemens, Walt Disney, la Chambre de Commerce des États-Unis, la Table ronde des industriels européens (ERT), Business Europe, US Council on Competitiveness, et des think tanks comme European Policy Centre (EPC), Chatham House, Council on Foreign Relations, Brookings Institution, Carnegie Endowment for International Peace. Ainsi que les patrons de la droite et de la gauche du Parlement européen...

C'est ce réseau qui est à l'origine du Transatlantic Economic Council, créé en 2007 par Bush et Barroso : l'outil euro-américain de l'opération consistant à noyer l'UE dans un ''grand marché transatlantique'' d'ici à 2015. Argument : ''aiguiser la compétitivité sur le marché transatlantique et supprimer les barrières sur le commerce et l’investissement et les barrières de réglementation, afin de maximiser la croissance à la fois en Europe et aux États-Unis.'' On voit ce qu'il en sera, à en juger par ce qui se passe déjà... Pour plus de détails sur le futur, taper libre-échange transatlantique dans la fenêtre rechercher, colonne de droite.

Ajoutons que la vente d'Alstom à la découpe sert surtout les intérêts de General Electric. Ce groupe géant a 2000 milliards de dollars à placer ; s'il les plaçait aux Etats-Unis, il serait taxé (alors qu'il ne paie  que 7% d'impôts sur les bénéfices pour l'instant) ; il ne sera pas taxé en les plaçant ailleurs. Il a donc besoin de dépenser son  argent hors des Etats-Unis, et acheter Alstom est une broutille pour lui. Voilà à quoi sert l'industrie française au bout de vingt ans de turbo-capitalisme néolibéral.

Dans l'affaire Alstom comme dans le reste, noter l'aphasie  de notre droite libérale : ces tartufes sont incapables de dire un mot contre le dépeçage de l'économie française... parce qu'il résulte des axiomes d'école de commerce qui leur tiennent lieu de vision du monde.

 

 

Commentaires

GENERAL ELECTRIC

> aphasie de la droite libérale et de certains réseaux catho car on retrouve les mêmes mélanges douteux avec Clara Gaymard, femme d'ancien ministre, fille du professeur Lejeune, et la représentante de General Electric. C'est bien triste. Se rend-elle compte à quelle point elle discrédite beaucoup plus qu'elle même ?
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Écrit par : Benoït C / | 28/04/2014

STRATÉGIE FOIREUSE

> Idéologie américanolâtre mêlée d'hybris des dirigeants, y compris dans une logique capitaliste, car ce genre de stratégie se révèle foireux dès la recherche de nouvelle commandes: le nouveau "géant" se trouve fournisseur unique chez certains clients qui ne l'acceptent pas et introduisent de nouveaux concurrents.
C'est ainsi que Boeing, ayant achevé le rachat tous ses concurrents américain par MacDonnel-Douglas a ouvert le marché US pourtant très nationaliste à Airbus.
A plus petite échelle et dans un milieu très différent , dans l'équipement automobile, on a pu observer le même comportement bien compréhensible.
Il faut donc redouter une décroissance non maîtrisée et rapide chez Alstom, avec le grabuge social qui s'ensuivra.
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Écrit par : Pierre Huet / | 28/04/2014

A QUOI ÇA SERT

> A quoi cela sert d'avoir la gauche au pouvoir si c'est pour laisser passer cela ?
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Écrit par : Ludovic / | 28/04/2014

LES IMPUISSANTS

> Historique de l'impuissance de la République version 5.4 sur cette question.

http://rue89.nouvelobs.com/2014/04/28/alstom-bain-sang-industriel-social-prepare-251827

NB

5.1 gaullienne 1958 - 1968
5.2 libérale avancée 1968 -1980
5.3 cynique 1981 - 1995
5.4 mourante 1995 - 2015 ?
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Écrit par : Pierre Huet / | 28/04/2014

SCYLLA

> Le libre-échangisme de nos élus et technocrates européens depuis un quart de siècle – un Louis Pauwels aurait-il parlé de « sida mental libéral » ou de « sida Marshall » ? – , nous met à la botte du néocolonialisme économique américain – avec cet exemple d'Alstom. Mais aussi chinois… lequel serait avide de s’offrir le Club Med (nouveau produit de luxe dans l’empire du Milieu ?). Bref, nous tombons de Charybde en Scylla et de néocons en néocolons !
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Écrit par : Denis / | 30/04/2014

Les commentaires sont fermés.